Périple en Asie(4)-KASHGAR-LANZHOU - PEKIN

URUMQI-KASHGAR-LANZHOU

A Urumqi, il faisait dans les - 20 degrés, j'avais déjà eu le plaisir de voyager dans cette même ville sous des températures similaires. Il m'a fallu du temps pour trouver un taxi car personne ne voulait m'emmener dans l'hôtel que je connaissais. En fait il était en travaux et donc inaccessible.

Il m'a fallu attendre quelqu'un qui parle 2 mots d'anglais pour me l'expliquer puis nous nous sommes rendus dans le 2ième hôtel de mon choix. J'avais du mal à reconnaitre la ville, cela faisait déjà 4 ans, on voyait des chantiers un peu partout et les routes étaient verglacées.

Arrivée à l'hôtel qui m'a semblé désert, j'ai du négocier un tarif pour ma chambre double grand luxe car pour aller dans les dortoirs, il fallait ressortir et traverser toute une place et avec ce froid et ce verglas, je n'avais aucune intention de me geler dehors. Je décidais de suite de partir le lendemain pour Kashgar.

Je suis donc ressortie pour prendre le bus qui allait à la gare pour m'acheter mon billet. Urumqi m'avait laissé un souvenir qui était encore en ma mémoire: Avant à Urumqi, il y avait 2h de différence par rapport à Pékin et donc au reste de la Chine malheureusement les billets vendus à la gare, portaient l'heure de Pékin alors évidemment arriva ce qui devait arriver, j'ai raté mon train et quand j'ai exigé le remboursement , on a refusé et cela m'a pris plus de 2h de cris et de colere pour récupérer mes sous et racheter un autre billet. J'ai du passer 2 jours de plus dans cette ville.

Cette année, il n'y a plus de différence d'horaire, nous vivons tous à l'heure de Pékin.

Le bus arrive enfin, il est déjà bondé mais je me trouve une place assise, en fait le terminus c'est la gare, c'est donc très pratique. On me tapote l'épaule et je vois 2 jeunes filles qui me demandent dans un anglais très incertain ma nationalité et mon prénom. On se sourit mais la communication est très difficile. L'une d'elle me tend son numéro de téléphone et me dit de l'appeller pour qu'on se voit. Elles me quittent avant la gare. Je ne suis pas sûre de vouloir l'appeller car l'urghur est leur langue et je ne la connais pas du tout.

J'achète mon billet sans problème pour kasghar pour le lendemain. Je reprends le bus et descend dans le centre ville pour faire mes courses pour mon dîner. Je n'ai vu aucun restaurant près de mon hôtel et avec ce froid, je ne veux pas me risquer à marcher trop longtemps.

Je voulais rentrer à pied à l'hotel mais les trottoirs sont tellement glissant que je prends un taxi, c'est plus facile.

Le lendemain matin, je pars à la gare toujours en taxi. La ligne URUMQI-KASHGAR est récente, elle a été inaugurée en 1999 , il faut compter 24h ou plus de train. Les trains sont à 2 étages et nous sommes 4 par cabine et non plus 6.

Mes compagnons de route sont tous des hommes, presque tous des non chinois :

urghur, kazak, mongol ou ouzbek. C'est déjà un autre monde, c'est le début de l'Asie centrale, de la fameuse route mythique, la route de la soie.

Les premières heures, je reste seule à écouter mon walkman puis je fais des mots fléchés et finalement 2 jeunes hommes qui jouent aux cartes près de moi , m'adressent la parole en anglais.

Leur anglais est plutot bon, ils ont la trentaine ou un peu moins.

On commence à discuter de moi d'abord, puis d'eux. L'un est marié avec 2 enfants et l'autre toujours célibataire, j'apprends qu'ils ont rarement droit au choix de leur femme, c'est toujours un mariage arrangé, ils sont musulmans évidemment mais c'est encore très différent du magreb dont je suis origine. Ils ne me croient pas quand je leur dis que je suis aussi musulmane.

Ils me parlent des difficultés de vivre dans cette province, ils aimeraient tous deux partir à l'étranger mais ils n'ont pas de passeport et ne peuvent voyager qu'en Chine mais ils ne parlent pas chinois alors leur espace est très limité. Un passeport coûte très très cher surtout pour eux, non chinois et considérés comme des immigrés alors que c'est aussi leur pays. Forcément il y a la haine du chinois et du gouvernement. Urumqi est devenu très chinois comparé à Kasghar. Mais les chinois réservent le même sort à cette ville avec un projet de développement immobilier. Ils ont aussi la possibilité d'aller au Kazasthan pour étudier mais ca ne les intéresse pas. Ils rêvent de l'Europe, surtout de l'Allemagne où il est plus facile d'aller.

Nous avons encore une fois échangé nos émails, et le voyage a continué. Il est midi quand nous arrivons à destination.

C'est sur cette ligne que j'ai mangé les meilleurs yaourts fait maison.

Tout le monde m'a dit qu'il ne neigeait jamais à Kashgar et évidemment c'est mon jour de chance car il neige mais il fait beaucoup moins froid. C'est supportable.

La gare est toute neuve et toute petite, ce n'est déjà plus la Chine. Je prends un taxi pour me rendre à mon hôtel, le trajet est assez long. On passe devant la statue de Mao et là je me rends compte que les chinois sont aussi très présents, on arrive dans le centre ville qui est très chinois, rien ne le distingue d'une autre ville chinoise si ce n'est la double écriture sur tous les lieux, écriture arabe et chinoise.

Le taxi s'arrête et le chauffeur me montre au loin mon hôtel car la route est barrée et je dois finir à pied. Toute l'avenue principale est en travaux , de même que mon hôtel. Après avoir visitée plusieurs chambres, je m'installe dans une chambre double assez luxueuse. J'ai négocié le prix car j'avais l'intention de rester une semaine mais comme d'habitude mes plans vont changer. L'hôtel semble vide.

Je redescends à la réception pour parler à la réceptionniste qui m'avait accueilli et qui parlait un peu anglais. Je lui ai expliqué mon projet mais je ne suis pas sure qu'elle ait compris. Je rencontre le personnel qui est compose à 80% de femmes, non chinoises. Elles me regardent toutes sans comprendre un mot de ce que je dis.

Je décide d'aller faire un tour en ville. A cause des travaux et de la neige, j'ai l'impression d'être dans une ville bombardée, les maisons sont à moitiée détruites, les enfants jouent dans les décombres, en fait ils vont détruirent pour reconstruire selon l'esprit chinois c'est-à-dire carrelage blanc de salle de bain, une horreur architecturale. Comme il est déjà tard, je rebrousse chemin et reporte à demain mon excursion de la vieille ville.

Le lendemain, tout est blanc, la neige est tombée toute la nuit. Je maudis mes compagnons de voyage, il fait plutôt bon et je me mets en route.

La ville n'est pas très étendue et j'arrive très vite dans la vieille ville,c'est le marché et malgré la neige, il y a du monde mais ce n'est pas la bousculade. Je rêve de m'acheter les chapeaux noirs typiques de cette région, en laine de mouton. C'est un marché particulier, le marché aux chapeaux. Il y en de toutes les tailles, tous noirs avec la couleur de la laine qui diffère. Ce sont des chapeaux pour les hommes mais ca m'est égal, j'en achète pour moi aussi.

A part les chapeaux, c'est un marché sans grande originalité mais il parait qu'en été c'est très différent. Il faudra donc que je revienne à un autre moment de l'année où les températures seront plus clémentes. Je suis un peu décue, j'avais tellement rêvé de Kasghar en lisant le guide mais l'hiver n'est pas vraiment la bonne saison pour visiter cette région.

Après réflexion, je me suis décidée à rentrer à Lanzhou sans passer la nuit à Urumqi car il y fait trop froid.

En réalité, j'ai du attendre 6h entre mes 2 trains. Je me suis installée dans une sorte de Kentucky Fried Chicken et j'y est passée 5h à lire et à écrire en buvant du thé. Sur le trajet Urumqi-Lanzhou, j'ai fait la connaissance d'une jeune fille qui vit à Lanzhou et elle m'a donné son numéro de téléphone, me demandant de l'appeller. Elle parle un peu anglais.

Je suis heureuse d'arriver à Lanzhou où il fait plus doux et où je me sens à l'aise.

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LANZHOU - PEKIN - SHANGHAI- YANGSHUO-KUNMING-HONGKONG

C'est avec plaisir que je reviens à LANZHOU. J'avais décidé d'appeler dés le lendemain Christine, la jeune fille rencontrée dans le train. Peut-être pourrait-elle m'aider à rencontrer d'autres personnes.

Le lendemain , nous avons convenu d'un rendez-vous dans le restaurant de sa sœur où elle travaille . Elle voulait absolument m'inviter à dîner. Le réceptionniste de l'hôtel a gentiment retranscris l'adresse pour le chauffeur de taxi et je suis arrivée sans encombre. Le restaurant venait d'être ouvert depuis peu de temps car des bouquets de fausses fleurs trônaient devant l'entrée, signe d'une ouverture récente.

Je fus reçue en grande ponte et elle me servit un festin. Ce fut très sympathique mais je me suis rendue compte que son anglais était très limité et nous n'avons pas pu réellement converser.

Le lendemain, j'ai décidé de quitter Lanzhou plus tôt que prévu et d'aller à Pékin. J'ai passé une dernière journée avec mon amie chinoise à visiter la ville. La neige s'est mise à tomber et je fus heureuse de quitter cette ville.

Direction Pékin en train, à peu près 30h de voyage. Il fait toujours aussi froid mais c'est tout à fait normal pour un mois de décembre. Le vent est glacial mais c'est le temps que je préfère, sans neige.

Je suis logée à l'auberge de jeunesse, à 15 minutes en bus de la cité interdite. Je me rends à l'office de tourisme pour m'enquérir des tarifs concernant les interprètes. Il faut compter à peu près 300frs la journée, c'est au-dessus de mon budget.

Je décide d'aller au centre culturel français ou Alliance Française dans l'espoir de rencontrer des chinoises francophones.

Je fais la connaissance d'une jeune étudiante chinoise de 18 ans qui parle très très bien français. On discute un peu mais ce n'est pas ce que je recherche. Elle est beaucoup trop jeune et a peu de chose à dire.

De retour à mon hôtel , je décide d'aller me renseigner à l'agence de voyage de l'hôtel. Le responsable s'avère être très sympathique. Je lui parle de mon projet de documentaire et il me propose de me présenter sa femme qui parle anglais et qui travaille dans une agence de pub. Je pourrais ainsi rencontrer ses collègues de travail et les interviewer si elles le désirent.

Aussitôt dit, aussitôt fait, 2 jours après j'ai rendez-vous dans sa boîte après 18h. Il reste encore pas mal d'employés qui travaillent devant leur ordinateur. Je rencontre également la directrice , qui elle vient de Hongkong. Les chinois sont extrêmement travailleurs, 12h par jour c'est une bonne moyenne en Chine, de même à Taiwan et au Japon.

A la fin de la soirée , j'ai fait 3 interviews assez intéressantes et en anglais. Je suis très contente . Je peux continuer le voyage, après une semaine à Pékin, je reprends le train pour Shanghai, 15h de voyage dans un nouveau train, 4 couchettes au lieu de 6. Je voyage le compartiment avec un homme d'affaire et 2 étudiantes en droit . Elles parlent assez bien anglais et c'est agréable. Elles jouent les traductrices pour l'homme d'affaire qui ne comprend que peu d'anglais. Les chinois sont très curieux et toujours désireux de communiquer.

Arrivée à Shanghai, je vais directement à l'hôtel Puyang, mythique hôtel des années 30.Il a été transformé en hôtel bon marché, mais pas si bon marché par rapport au reste de la Chine. Le froid est encore plus glacial ici à cause de la mer. Je préfère quitter la ville et aller plus au sud à Yangshuo dans la province du SHANXI, près de Guilin célèbre pour ses paysages. Après 2 jours passés à Shanghai, je repars en train vers Guilin, 26h de voyage.

Arrivée à Guilin il faut prendre un mini bus pour Yangshuo ( 1h de route ) le temps est magnifique, sec et froid mais ensoleillé. Guilin est la ville des tours opérateurs alors que Yangshuo est le rendez-vous des routards et depuis peu des chinois. Mais c'est la période de Noël et il y a peu de touristes. Je fais la connaissance d'une jeune femme chinoise de Shanghai venue passer une semaine à Yangshuo et dans les environs. C'est Jane, que j'aurai l'occasion de recroiser 1 mois plus tard. Elle parle très bien anglais et travaille pour une compagnie allemande de génie civil. Nous voulons partager une chambre d'hôtel mais son budget est très faible. Finalement son hôtel sera à 5 minutes du mien, occupé par des seuls chinois. Je retourne donc dans l'hôtel que je connais, tenu par une jeune femme, c'est l'hôtel de Lisa. C'est une jeune femme très intéressante avec un parcours atypique. Elle me promet un entretien mais tout au long de mon séjour, elle n'aura de cesse de le reporter pour finalement l'annuler.

J'entreprends de visiter les villages alentours avec l'aide d'un guide, une jeune fille, Daisy, originaire d'un de ces villages. Ce fut un de mes plus beaux souvenirs, nous avons parcouru les villages à vélo, c'était plutôt du cross qu'une promenade de santé mais j'ai rencontré des femmes très très sympathiques, souriantes. On avait en plus un public, les hommes du village et les enfants et c'était très convivial. On a beaucoup rigolé car elles trouvaient mes questions bizarres et drôles. Ce n'était pas la période de la récolte alors les gens étaient plutôt disponibles et ils étaient fascinés par ma caméra, je regrette seulement de ne pas avoir eu un Polaroïd pour leur laisser un souvenir.

J'ai donc passé Noël à Yangshuo en compagnie de Daisy et de Jane. Puis nous nous sommes échangées notre email avec Jane, et nos adresses avec Daisy.

J'avais décidé de repartir à Dali pour passer le nouvel an, avant de rentrer sur Hongkong. C'était un grand détour mais je ne voulais pas passer le nouvel an à Yangshuo, et ni à Hongkong. J'avais déjà fait l'expérience des 2 et cela ne m'avait pas plut du tout : trop bruyant.

Et cette fois-ci j'avais décidé de prendre l'avion, 1h de vol au lieu des 25 voire plus heures de train.

Je suis donc arrivée à Kunming ou j'ai passé une nuit puis re bus pour Dali.

J'ai eu la joie de retrouver des personnes rencontrées au début de mon voyage à Dali même : un français et un chinois. Ce fut un Nouvel an assez tranquille et peu bruyant .

Ce qui est assez normal puisqu'il ne correspond pas du tout au Nouvel an chinois.

C'est le moment de se quitter et de quitter Dali pour rentrer sur Kunming et sur HongKong.

A Kunming , j'accompagne des amis à une réunion avec des chinois désireux de pratiquer leur anglais.

A minuit , je prends le train direction Canton, 2 jours de voyage puis 2h de bus pour HK. C ‘est pratique car la gare est en face de la gare routière.

2h d'attente à la douane, il y a un monde fou, je n'avais jamais vu cela, nous sommes le 11 janvier 2002.

Après la douane, direction le train pour HongKong.

Je croyais que j'en avais fini avec la Chine, du moins pour cette année mais les circonstances de la vie ont fait que j'y suis retournée un mois après, du Japon par ferry d'Osaka jusqu'à Shanghai. Mais cette histoire sera pour une autre fois.

Au retour de ce voyage qui a duré 6 mois et qui m'a également mené au Japon, à Taiwan , au Laos et en Thaïlande, j'ai décidé d'essayer de me former à la réalisation de documentaire.

Je suis contente de pouvoir dire que j'ai réussi à réaliser mon rêve et que je viens de terminer cette formation et mon 1er film documentaire de 20 minutes, qui n'a rien à voir avec la Chine puisque c'est un film que je devais réaliser dans le cadre de cette formation à Paris.

Néanmoins, je prépare un autre long voyage pour l'hiver prochain qui me conduira de la Chine, en Mongolie puis en Asie Centrale et retour en France en suivant la route de la soie.

Je sais, ce n'est pas très original mais c'est un rêve d'enfant. Voilà , le voyage est fini pour le moment et j'espère que ce carnet de route ne vous a pas retiré l'envie d'aller en Chine.  

 

FIN